Histoires d'Archéologie
Dans la périphérie de Rome, à Gottaferrata
C’est l’une des découvertes archéologiques les plus fascinantes de ces dernières années : une bague d’or et de cristal à travers laquelle un visage apparaît, comme sculpté en plusieurs dimensions.
L’histoire se passe dans la périphérie de Rome, à Gottaferrata, sur la via Latina, au début du 21ème siècle : lors de travaux de retrait d’un pylone électrique sur un terrain privé apparaissent quelques marches qui descendent vers une porte scellée. Des archéologues sont appelés et découvrent un tombeau romain du 1ersiècle de notre ère, intact. Au milieu de la pièce de quelques mètres carrés, deux sarcophages en marbre. Sur l’un, le nom de « Carvilio Gemello », sur l’autre « Aebutia Quarta ».
Le couvercle du sarcophage d’Aebutia est fissuré et le corps embaumé ne s’est pas conservé. Elle porte une robe en soie, une perruque entrelaçant feuilles d’or et fils de soie et des guirlandes de roses, lys et violette recouvrent sa dépouille. Mais c’est surtout la fabuleuse bague à son doigt qui retient l’attention et permet de se figurer leur vie, deux mille ans plus tôt.
Carvilio était le fils d’Aebutia, il est décédé à 18 ans et sa mère lui a dressé un tombeau à la hauteur de son amour, gigantesque et éternel. Quand elle est morte, quelques années plus tard, Aebutia a demandé à reposer près de son fils et à emporter avec elle la bague qui le représentait. Sur un cabochon en cristal de roche, le visage magnifié de Carvilius, torse nu, cheveux bouclés, lèvres fines et nez aquilin. Un effet lumineux obtenu grâce à un moulage à la cire perdue incrustée dans le cristal, qui lui donne une profondeur céleste. Son visage apparaît translucide, présent à jamais.
Arégonde était reine des Francs.
Elle est morte à la fin du VI siècle, et son sarcophage découvert seulement à la fin des années 50, dans la basilique Saint-Denis.
Le mobilier funéraire qui jouxtait sa dépouille était un véritable trésor. Sur une bague en or, son nom gravé, Arnegundis. Elle était l’épouse du fils de Clovis, Clotaire Ier, et mère du roi Chilpéric. Elle a été inhumée avec ce que l’on suppose être ses bijoux préférés, puisqu’ils portaient des traces d’usure : une paire de boucles d’oreilles, deux fibules cloisonnées en or et décorées de grenat, des épingles d’or qui retenaient un voile.
L’étude des différents grenats a permis de connaître leurs pays d’origine : Inde, Bohême, Portugal, témoignant des nombreux échanges commerciaux de l’époque.