Aussi loin qu’il m’en souvienne, j’ai toujours eu la passion de l’archéologie, et celle de l’ethnologie.
Elle s’est nourrie de rêves d’ailleurs. Cela a commencé avec un livre offert par mon père dans mon enfance. Il s’appelait «La petite fille des mers du Sud» qui me fit voyager de ma chambre, entendre et comprendre, imaginer d’autres possibles. Bien des années plus tard, ce fut un objet en jade trouvé dans le désert du Taklamakan, offert par l’homme que j’aimais, et que je porte encore en pendentif tel un talisman. Puis un voyage dans le Fayoum, où je contemplais des milliers de fragments de poterie émergeant des sables. Une intaille romaine, achetée à Drouot, autour de laquelle je dessinais une bague d’inspiration renaissance. Et nombre de parures que je portais, gris-gris, lourds bijoux ethniques, objets transformés. Qui tous évoquaient un instant ou l’éternité, un être ou une civilisation.
Mais il fallut bien des tours et détours de la vie pour que j’aie l’idée d’en faire un métier, et que j’ose me lancer dans l’aventure.
J’ai commencé par retourner à l’école pour étayer mes connaissances en Histoire de l’art. Puis ai suivi des cours à l’école Boulle, où j’ai dû admettre que la technique n’était pas mon point fort et qu’il serait préférable de la confier à un artisan joaillier. En revanche, trouver des pièces rares, parfois exceptionnelles, oui. Imaginer ce qu’elles deviendraient, en les dessinant, les transcendant, également.
Aujourd’hui, je réalise chaque année trente à quarante bijoux. Des pièces issues d’anciennes collections européennes, que je chine dans les salles de ventes et dont l’authenticité est avérée. Chaque bijou est fait à la main, selon des techniques traditionnelles, avec pour impératif de garder l’intégrité de la pièce, et de la magnifier.
Je réalise chaque année trente à quarante bijoux, à partir d’intailles, d’amulettes, de monnaie, issues d’anciennes collections européennes, dont l’authenticité, la provenance et la datation sont établis. La plupart proviennent de civilisations antiques : Grèce, Egypte, Babylone, Rome.
Chaque bijou est ensuite évalué et dessiné, en fonction de ce qu’il représente, de son histoire, de sa symbolique, mais aussi de la forme qui pourra lui correspondre le mieux. Ces pièces ont traversé les siècles, parfois les millénaires, et leur solidité est avérée, mais il faut adapter la technique de montage à chacune afin de ne pas les fragiliser.